Et il y a l’écriture, pour sa couleur, sa force et sa fragilité. La poésie pour dessiner le monde à la plume.
Des récits où la fiction se mêle à une réalité invraisemblable.

Louise Marois

A publié La peau des yeux (2004, Éditions du passage)
, qui boit l’encre. (2010, l’Hexagone).
En 2011, elle écrit De peine et de misère à l’invitation de l’artiste visuelle Sophie Jodoin
Du pain dans les joues (2012, l’Hexagone)
Tu ne vois pas comme un oiseau (2014, l’Hexagone)
La Cuisine mortuaire (2018, Éditions Triptyque)
J’élève des soleils (2019, Éditions du Noroît)
D’une caresse patentée (2020, Éditions Triptyque)
Trêve (2022, Éditions Triptyque)

PRIX ET DISTINCTIONS
Prix Jacqueline Déry-Mochon (La peau des yeux)
Finaliste au prix Goll (, qui boit l’encre.)
Finaliste aux Prix littéraires du Gouverneur général, La cuisine mortuaire, 2019
Finaliste aux Prix littéraires du Gouverneur général, D’une caresse patentée, 2021

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Trêve

Avec ce livre, Louise Marois accueille les ruptures que rendent possibles la poésie. Les sauts temporels sont autant de fractures que de points de suture qui encouragent des dialogues pluriels, imaginaires, aléatoires ou forcés, entre l’enfance et la vie adulte, entre la famille et l’entourage, entre l’amante et la nature, entre la mère et la mort, entre le lyrisme et l’abstraction, entre la vérité et la fiction. Feintes, faux systèmes de référents, fables et confidences peuplent cette poésie comme on baisse les armes devant le désordre de la mémoire dans l’espoir que se réconcilient, dans l’inharmonie, toutes les voix qui habitent les souvenirs. Trêve est une proposition poétique pour que le passé et le présent cessent de se faire la guerre. Trêve est un 9e livre
Éditions Triptyque, Poèmes
2022, 181 pages
ISBN : 978-2-89801-154-2

L’auteure remercie le Conseil des arts du Canada de son soutien.

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D’une caresse patentée

D’une caresse patentée est un recueil sur la figure du père. Plus précisément le père de l’autrice, ouvrier, taciturne, qu’elle a tenté de mettre en mots afin de comprendre sa tristesse, son désir de fuir. Elle extrait des images restées là, dans le cœur, dans les larmes, dans l’attente d’une réelle rencontre avec lui. Des illustrations accompagnent le recueil, réalisées pour la plupart à partir de photomatons. Ces dessins au graphite font écho aux poèmes. Mais à l’insu de la poète, le portrait de ce père serait-il, au fil de l’écriture, devenu un autoportrait? D’une caresse patentée est un 8e livre
Éditions Triptyque, Poèmes
2020, 156 p., 13 planches
ISBN : 978-2-89801-101-6
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J’élève des soleils

J’élève des soleils est un long poème adressé à une mère où le je est la fille du tu, et où le dessin est un sujet inénarrable. Or, installée à la table des réparations, de la faim, cette enfant de la mouise pratiquera l’art de la conversation aux couleurs salées et orangées. Débusquer sa mère, c’est ce qu’elle tentera de faire. J’élève des soleils est un 7e livre
Éditions du Noroît
104 pages
ISBN : 978-2-89766-203-5
Parution : 2019

L’auteure remercie le Conseil des arts du Canada de son soutien.

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Extrait

ce n’est pas l’envie mais le manque
de ne pas être regardée
ne pas te regarder de face ni de côté
comme il te dit souvent
r’garde-toé toé
tu cesses toute tentative t’éloignes du moindre reflet
tu plonges ton visage dans le creux de tes mains
prends l’exacte mesure de toi-même
tu disparais couleur chair le dos calé dans ta chaise
de jardin sans jardin

La cuisine mortuaire

La cuisine mortuaire fouille une culture d’ouvriers et de ménagères, donne une forme aux dos rompus de fatigue et aux mères qui débarbouillent les visages sales des après-midi passés dans la ruelle, posant les jalons, un poème à la fois, d’une quête des origines. De quoi serait faite la frontière poreuse entre la poésie et la langue vernaculaire d’un quartier populaire du Montréal des années 1970 ? Au fil de jeux d’enfants tantôt ludiques tantôt cruels, ce sixième livre de Louise Marois trace un autoportrait poético-social adressé à une femme qui « égorge le temps dans [son] poing », qui disparaît lentement, s’absente à elle-même. Le lieu qui les recueille, la fille et la mère, c’est cette cuisine, hantée des bruits de la rue Garnier, pénétrée de la rouille des hangars, inondée de rires gras, où chacune à son bout de table elles s’affairent, où elles manigancent les secrets qui les séparent et les unissent tout à la fois.

Si dessiner, c’est écrire autrement, La cuisine mortuaire expose, grâce à cette respiration qui arrive par le passage d’un geste à l’autre, les traits bigarrés de l’enfance, ses habitudes, ses fictions, ses violences, ses solidarités compliquées. Les poèmes tissent patiemment, comme les femmes qui y travaillent leur tricot sur leurs genoux, les fils d’une courtepointe, la trame d’une photo de famille en autant de morceaux que de tableaux colorés des personnages qui la composent.

Éditions Triptyque, Poèmes
2018, 186 p., 12 planches
ISBN : 978-2-89741-996-7
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Tu ne vois pas comme un oiseau

Une femme souhaite un garçon mais accouche d’une fille. Toutes deux vivront avec le père et le fils comme des étrangères. Devant l’absence de la mère, non pas la fuite de l’enfant, mais l’abdication. Elle se prendra à vouloir connaître sa mère et à lui plaire à tout prix, se faisant tour à tour animal domestique, enfant modèle ou esclave pour attirer son attention. L’amour a sa part d’incompréhension, de résilience et de pardon. Ce qui paraît inadmissible peut devenir essentiel pour que la vie continue. Peut-on en vouloir à sa mère mourante de ne pas avoir su nous aimer ?

critique

D’une mère à l’autre

Tu ne vois pas comme un oiseau, dit Louise Marois à sa mère, car « les paysages de l’enfance font du bruit dans [sa] tête ». Le père à l’écart, ne restent que la mère et la fille. Et le texte ainsi défilé autour d’elles, prisonnières d’une passion confuse, se déplie d’abord en prose narrative, puis en vers libres. Dans la zone grise de la maison de la mère, des mots gris, des suies. Sans concession, la mort si proche de la mère : « Tu frappes ton visage de ton poing, tu as mal. De la glace sur l’enflure, l’infection de ta joue et tu frappes. Insupportable. Tu vas mourir. On t’installe pour que tu puisses être seule avec ta mort. » Frontale, la douleur…

Retour sur images, sur l’enfance laissée vacante par la partante : « la ruelle une entaille / jusque dans ses bords ses dentelles d’acier / cassée de partout / naître de ça / d’une ruelle poussiéreuse ». Le « mésamour » de ce couple mère-fille. Depuis l’école primaire, depuis les dessins reproduits dans le recueil pour témoigner du don, depuis ce qui, mal reçu, a survécu de cette passion, depuis tant de désirs, les poèmes sont là, jusqu’au bout.

Louise Marois signe un très beau livre d’une rare intensité. D’un geste quotidien à un autre, d’un souvenir à la vivacité actuelle de son surgissement, l’entreprise évoque parfois celle de Denise Desautels, mais autrement, inscrite dans une simplicité désarmante qui ravive déjeuners et jeux fragiles, regards volés et sentiments contraints. En fin de livre, la longue prose narrative reprend son droit fil, revient à la mort exacte qui fait si mal, qui fait trembler, cette mort offerte « comme un vieux bouquet ».

***

7 février 2015 Hugues Corriveau – Collaborateur
Le Devoir

Éditions de l’Hexagone
112 pages
ISBN : 978-2-89648-071-5
Collection : Écritures
Parution : 2014-10-27
du-pain-dans-les-joues-louise-marois-hexagone

Du pain dans les joues

Est-elle réelle ou hallucinée, cette maison traversée de fantômes et de mal-aimés trahis, de solitude et de mensonges, dont Aimée et Yhana sont les nouvelles propriétaires ? La Baraque devient tour à tour miroir et gouffre où l’une et l’autre plongent. Dans ce lieu hors du temps, haine et passion s’emballent et s’exacerbent, tous s’entredéchirent. Mais, au bout du compte, c’est l’écriture qui préservera de la folie. Le style onirique de l’auteure illumine cette prose poétique tout en nuances. Chaque soir, Yhana démontait le récit, pièce par pièce. Paraphrasait l’acte et le sujet, le cerveau encrassé: saisir la nature, les entrailles, le pourquoi.

critique

Les humains se rejoignent difficilement

Des couples improbables, une recherche d’amour impossible, un cri plutôt qui s’étouffe dans une désespérance existentielle. Du pain dans les joues de Louise Marois se referme sur le lecteur comme un piège et il est plutôt difficile de s’échapper.

Aimée et Yhana tiennent plus que tout à une baraque qui se désagrège jour après jour, grugée par une sorte de cancer. Les filles doivent en plus affronter un genre de Méphisto qui manipule tout le monde et prend plaisir à les tourmenter. Le tout changera avec l’arrivée du couple Pipistrelle qui loue l’étage du haut. D’étranges relations s’établissent entre ces personnages étranges et tellement différents.

Tous ces personnages se bousculent, se mentent et n’arrivent jamais à être là, au même moment, pour vivre la tendresse et l’amour. Tous cherchent et ne savent que se blesser on dirait dans cette aventure qu’est le quotidien.

«Le soir ébruite sa lassitude sous les jardins écrasés. Fait un détour par l’escalier de pierre, pour le plaisir de glisser sa paume sur la rampe tout doucement, préserve le ravissement qui l’accompagne. Son bonheur se transforme lorsqu’elle voit Yhana attablée avec un homme. Une table ronde, restée dehors tout l’hiver, leur sert d’îlot. La vue de cette scène presque idyllique brusque Aimée. Veut retourner là où elle était, dans la rouille et la sciure. Fonce tête première, avec l’espoir de défaire.» (p.29)

Méphisto
Geoffroy Vidal trouve sa raison d’être en assaillant les êtres qui l’approchent. Il réussira à se glisser dans le couple Pipistrel qui repose sur les mensonges du mari, une sexualité trouble. Des contacts brutaux souvent, des êtres réduits à l’état animal presque qui ne peuvent s’empêcher de se faire mal malgré leur envie de tendresse et d’amour. Tous cherchent autant la mort que la vie, la désespérance que le bonheur d’être. Une écriture qui vous pousse dans une dimension où l’oxygène se fait rare.

Les pendus
Que dire quand madame Pipistrelle, après un moment de fulgurance avec Yhana, accepte de décrocher les pendus dans les parcs de la ville pour que les gens ne voient rien. Elle bourre leurs joues de morceaux de pain pour qu’ils fassent bonne figure dans la mort. Un monde désespéré et désespérant où l’on masque la vérité. La télévision et certains médias servent à cela de nos jours.

Un récit qui coupe le souffle, égare un peu dans une prose recherchée qui parvient à créer une sorte de danse macabre où la vie est un cri, un hurlement, un désir d’aller au-delà du quotidien. Et quelle terrible solitude !

Il faut une bonne dose de courage pour plonger dans cet univers qui se désagrège. Les hommes et les femmes ne peuvent que se blesser et s’agresser. La tendresse, la chaleur humaine arrive parfois, comme une fulgurance qu’il est impossible de retenir. Difficile, mais écrit dans une langue forte, éblouissante qui sauve l’entreprise. Peut-être qu’il faut se laisser emporter simplement par les mots et les phrases pour aimer ce chant existentiel. Peut-être que la vie n’est qu’une suite de petites morts après tout.

***
29 août 2013 |Yvon Paré
Textes parus dans la revue Lettres québécoise Automne 2013 – n°151

Éditions de l’Hexagone
152 pages
ISBN : 978-2-89648-012-8
Collection : Écritures
Parution : 2012-10-15
Jodoin-Marois-de-peine-et-de-misere

De peine et de misère

De peine et de misère est une invitation à la poésie et à l’insoutenable violence.
Poèmes à partir des œuvres de l’artiste visuelle Sophie Jodoin.

critiques

En aparté

À Montréal, Sophie Jodoin lançait cette semaine, en compagnie de la poète Louise Marois, un livre d’artistes magnifique. L’objet en lui-même est si beau — tout de blanc, avec son titre embossé et ses pages pliées en double épaisseur — qu’il peut déjà suffire. Mais il y a là bien plus, grâce à l’intelligence des collages de Jodoin, réalisés à partir de vieilles images reliées à l’enfance, associées à l’élégance des vers de Louise Marois, dont les mots montent au ciel pour y frapper l’imaginaire avant de nous revenir telle «une ombre portée disparue».

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29 octobre 2011 |Jean-François Nadeau
Le Devoir

Publié par Battat Contemporary
ISBN: 978-2-9810857-9-5
qui-boit-encre-louise-marois-hexagone

, qui boit l’encre.

Une femme obsédée par la mort de son époux le soir même de ses noces; un homme habité par cette femme. Entre eux, une passion sourde comme l’est la rivière qui les sépare. Ce texte de silence et de vent s’ouvre à un monde qui ne trouve aucun apaisement, sinon celui de vivre et de s’enfuir.

critique

Poésie – Exaltation des sentiments

Impossible de reprocher à Louise Marois d’avoir trop de simplicité stylistique dans son recueil intitulé « , qui boit l’encre. ». Bien au contraire, nous sommes conviés à un vortex incessant d’images et de métaphores en une cascade torrentueuse, essoufflante. Rien n’arrête l’auteure, qui veut traduire la tempête intérieure qui hante les deux protagonistes de son récit poétique. Élisa, dont le mari est mort lors de sa nuit de noces et qui ne s’en est jamais remise, Victor, le voisin lointain qui habite en face et qui l’aime sans retour.

Ils sont fous, littéralement pris par le paysage et par les sensations qui s’en dégagent. Ce même paysage qui est un autre personnage de cette histoire à la limite du possible. Et Louise Marois a l’audace de sa prose, en met et en remet, ce qui entraîne le lecteur dans un tourbillon qui le mène droit au coeur de la tornade, emporté qu’il est par cette excessive souffrance, cette solitude à deux, ces mutilations presque rituelles pour ressusciter la vie au bord de s’éteindre. À cet égard, « , qui boit l’encre. » est une grande réussite. Si on n’est pas habitué à tant d’éclat, il faut tout de même consentir au périlleux périple de cette tourmente. En musique on dirait furioso.

Élisa, devant son mari mort d’avoir trop bu de cidre de pomme, va en une nuit abattre les cinquante pommiers de sa terre et, plus tard, couper le lit en deux, dormant dans cette moitié de vie qui lui reste. Lui, la surveillant, la protégeant. Et si par hasard ils s’approchent trop près l’un de l’autre, les corps se blessent, les pieds ou les mains coupées par du verre. Par exemple, cette fois où, « sans prévenir, elle le prit de toutes ses forces et l’écrasa contre elle, brutalement, comme pour se blesser de lui ». L’image est forte et belle. Dit tout. Emporte l’adhésion.

Les scènes ne sont jamais banales, l’effet d’étourdissement toujours efficace. Ainsi ce travail de deuil qu’entreprend Victor, qui creuse une fosse en forme de croix, alors que « pendant des jours, chaque matin, il rajou[te] un plein flein de pétales jusqu’à ce que la croix en soit bien remplie ». Un jour, au moment d’une rencontre, voilà qu’Élisa « garda une main contre sa nuque, porta le poids de sa tête puis passa sa langue sous l’épaisse paupière pour goûter aux images que l’homme, agité, décrivait avec peine ». Ils se voient mais s’éloignent toujours, et pour Victor, « de la savoir là tout près de lui, à l’ombre des tilleuls et des peupliers, devenait grand et cruel ». On est vraiment dans la maladie d’amour.

Les affres de la passion passent ici à travers une folie du langage qui témoigne avec force de sentiments exacerbés. Et cette exaltation irradie dans tout le livre jusqu’à l’exaspération. Car on peut ne pas admettre tant de morceaux de bravoure. Ce livre n’atteindra que ceux et celles que le débordement intéresse.

***
3 octobre 2009 |Hugues Corriveau
Collaborateur du Devoir

Éditions de l’Hexagone
96 pages
ISBN : 978-2-89006-872-8
Collection : Écritures
Parution : 2011-06-06
La-peau-des-yeux

La peau des yeux

Dans sa tête les mots de verre se salissent, se renversent violemment.
Des mots de sel, de la carne, une bouchée, une carie, les adieux tombent en cendre, font la nuit.

critique

Poésie

« Entre le récit et l’évocation poétique, l’écriture de Louise Marois est relativement dense. Son souci du détail, ses images plurielles et profuses soulignent la puissance des mots à combler la perte de l’autre. La tonalité demeure malgré tout celle d’une parole impressionniste. »

Alice Finaz, Arcade

PRIX JACQUELINE-DÉRY-MOCHON
Éditions du Passage
47 pages
ISBN 978-2-922892-09-3
Collection : Poésie
Parution : 2004
les-écrits

ma mère, entre-temps, meurt

Invitation de Pierre Ouellet, directeur de la revue Les Écrits,
à collaborer au numéro 145 avec ce texte intitulé : «Ma mère, entre-temps, meurt».
Ce texte a été lu dans le cadre d’une table ronde de la 43e rencontre québécoise internationale des écrivains, avril 2015 et fait état de la construction du livre Tu ne vois pas comme un oiseau, publié en 2015 aux éditions de l’Hexagone.
Les écrits, nº 145
332 pages
ISNN 1200-7935
PDF ISBN 978-2-924558-17-1
Parution : novembre 2015
lesecrits.ca
sarrazine

autoportrait

Invitation de Paul de Brancion, rédacteur en chef de la revue littéraire Sarrazine, à collaborer comme poète au numéro 15. Revue publiée à Nantes en France.
Sorte d’herbier animal ou encore de natures mortes accidentellement, cette série de cinq autoportraits, réalisés au pastel sec, accompagnent de courts poèmes et se veut un lieu exploratoire et caricatural.
sarrazine
jet-encre-7

Invitation comme auteure

Une main tombe
Jet d’encre n° 7
ISSN 1703-1990
jet-encre-17

Invitation comme auteure

Manteau de pierre
Jet d’encre n° 17
ISSN 1703-1990
jet-encre-19

Invitation comme auteure

Fragment sec
Jet d’encre n° 19
ISSN 1703-1990